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Prayers for Bobby, pour Ryan Kelley et pour parler de l'homophobie en famille

Le 10 janvier 2009, j’ai rédigé un texte à propos de la sortie aux États-Unis du téléfilm Prayers for Bobby (Bobby seul contre tous en version française), avec Sigourney Weaver et Ryan Kelley. Porté par l’enthousiasme de voir un acteur que je trouve prometteur incarner un personnage gay, j’avais passé quelques heures à fureter sur internet. Et pour la première fois, je me suis essayé à insérer une vidéo que j’avais dénichée sur le site AfterElton (il s’agit de la bande-annonce la plus longue que j’aie pu trouver). Quelle ne fut pas ma surprise, deux jours plus tard, de découvrir que les quelques alinéas laborieusement sortis de mon clavier s’étaient évanouis… Depuis, d’autres sites francophones en ont parlé et l’on peut espérer que le buzz poussera l’un des éditeurs français spécialisés à sortir le film en DVD [20 septembre 2010].

[Note ultérieure : averti de la sortie précipitée sur M6 d'un Bobby seul contre tous en version française, le 20 avril en début d'après-midi, je me suis bien gardé de la visionner. J'ai beaucoup de mal avec la vf en général, mais là, voir Ryan Kelley parler en français dans une histoire tellement américaine, c'est plus que ce que je suis capable d'endurer. J'attendrai donc une éventuelle sortie en DVD pour compléter des visionnages partiels sur des sites américains. L'avis sur le téléfilm sera donc pour plus tard. Compte tenu de ce que j'en ai vu, j'y vois davantage un document socio-culturel qu'une oeuvre d'art, d'où les propos un peu plus loin dans cet article...

Ryan Kelley & Sigourney Weaver
 
Le 24 janvier 2009 est donc passé pour la première fois aux USA un téléfilm réalisé par Russel Mulcahy (l'un des deux pères du Queer as Folk américain), intitulé Prayers for Bobby. C'est « l'histoire vraie de Mary Griffith [...] dont le fils gay se suicida à cause de l'intolérance religieuse de sa mère. » (source : IMDb). Les événements relatés, qui se déroulent dans les années 1980, sont basés sur un livre éponyme de Leroy Aarons (1995) qui a été un best-seller aux États-Unis. Un article en ligne de Brent Hartinger (publié le 14 janvier 2009) narre les difficultés rencontrées par le producteur principal, Daniel Sladek, depuis sa découverte du livre en 1997 : un premier projet avorté avec NBC (et Susan Sarandon dans le rôle de Mary Griffith) en 2000, des chaînes de télévision qui montrent le bout de leur nez puis renoncent... Ailleurs, j’ai lu que Sigourney Weaver avait déjà essayé de faire adapter le livre dans les années 1990. Cette fois, elle a participé à la production. Le film a été calibré dès le début pour les Emmy Awards, et certains prédisent à l’actrice à tout le moins une nomination.

 

Ryan Kelley, Henry Czerny & Sigourney Weaver

Il est difficile de se faire une idée de ce que vaut le film simplement à partir d’un trailer (bande-annonce), sachant combien on arrive à rendre fascinant n’importe quelle œuvrette par un judicieux travail de sélection. Je trouve celui de Prayers for Bobby un peu sinistre avec ses lumières électriques et sa tonalité mélodramatique, qu’accuse une bande-son outrageuse… L’équipe de réalisation affirme qu’elle n’a eu à faire aucun compromis : « Nous avons commencé le tournage avec le script original, l’idée de départ et le travail initial réalisé par la scénariste Kathy Ford », explique Daniel Sladek, « De nombreuses personnes tout au long du projet ont essayé de nous faire changer des choses, de tempérer le propos ou d’en faire un mélodrame. Mais nous avons campé sur nos positions. » L’appréciation de Brent Hartinger est louangeuse, qui trouve le film « subtil » et « sophistiqué », Sigourney Weaver et Ryan Kelley « excellents », jusqu’au climax : « Ce pourrait être le meilleur téléfilm jamais réalisé sur les problèmes des gays précisément parce qu’il n’y a rien de pusillanime ou d’édulcoré dedans. » Bon, l’auteur de Geography Club n’a pas pour signe distinctif un esprit critique très poussé…

 

Sur la gauche, la vraie Mary Griffith
 
Comme il n’est question que de Sigourney Weaver (ou presque) sur les pages internet consacrées au film, je me fais un devoir de rapporter quelques informations sur Ryan Kelley ! Il incarne donc le personnage de Bobby. J’ai noté avec amusement que Carly Schroeder (avec laquelle il jouait déjà dans le merveilleux Mean Creek) incarnait le personnage de la petite sœur de Bobby, Joy. Dans un reportage disponible sur Life between lines, Ryan Kelley affirme que jouer un personnage gay, c’est l’enfance de l’art : « ce n’est rien à faireC’est comme si vous me demandiez ce que ça fait de jouer un gamin aux cheveux bruns [sic !] ». En revanche, exprimer les aspects tourmentés d'un personnage clivé, qui rejette sa propre homosexualité, serait ce qu'il a eu de plus difficile à faire dans sa carrière. Plus récemment, l’équipe a participé à un gala du Trevor project (une association fondée par James Lecesne qui vient en aide aux jeunes LGBT). Il a aussi participé (seul) à une projection-discussion à Dayton (Ohio) organisée par le groupe PFLAG (Parents, Families & Friends of Lesbians & Gays), l'équivalent américain de Contact. C’est peu de dire que je suis très fier de Ryan !
[Je tiens aussi à préciser, pour les nombreuses personnes qui ont visité ou visiteront cette page, avec parfois une interrogation là-dessus, que Ryan Kelley s'est toujours très nettement défini comme hétérosexuel. C'était déjà le cas il y a trois ans, bien avant qu'il ne soit question de la réalisation de ce téléfilm. Les sites américains bruissent d'interrogations sur ce topic (sujet), mais tout semble converger dans le même sens. Je sais que cette information en décevra plus d'un, mais, après tout, quelle importance ? Un acteur n'est pas censé partager obligatoirement l'orientation sexuelle de son personnage, même si on nous dit si souvent qu'il est très difficile pour un acteur ou une actrice notoirement homo d'obtenir un rôle hétérosexuel, ce qui est une détestable discrimination...]
Note ultérieure : après visionnage de la première moitié du téléfilm, je trouve particulièrement injuste la focalisation des médias sur la composition de Sigourney Weaver. En effet, durant toute la première partie, c'est le personnage de Bobby qui est au centre de l'histoire, et tout repose sur la prestration de Ryan Kelley, qui est effectivement irréprochable. La façon dont son incarnation du personnage est occultée, sans doute parce qu'il est bien moins connu, me semble emblématique d'un journalisme que la notoriété rend borgne.

Ryan Kelley & Scott Bailey 
Pour une sensibilité française, certaines particularités de Prayers for Bobby peuvent sembler exotiques. Le fait que l’histoire se passe dans une famille très religieuse amènera sans doute certains à faire l’hypothèse que « ça ne pourrait pas se passer comme ça ici ». Pourtant, pas plus tard qu'en janvier dernier, il m’est revenu aux oreilles l’histoire suivante (authentique) : la mère d’une lycéenne est venue annoncer au proviseur du lycée de sa fille que celle-ci était désormais privée de téléphone portable, d’internet et de tout autre moyen de communication. En cause, un coming out refusé par les parents… avec en arrière-fond la doctrine actuelle du Vatican à l’égard de l’homosexualité. Le simple fait de priver un jeune de moyens de communication — réaction assez classique hélas chez les parents homophobes — me semble typiquement la chose à ne pas faire. C'est l'une de ses innombrables rétorsions domestiques qui créent du mal-être chez des jeunes que l'on punit non pour des actes mais pour ce qui est au minimum un délit d'opinion et au pire une identité intime. Heureusement, il n’existe pas en France de camps de réhabilitation comme on en trouve aux USA, ni de mouvement ex-gay (mais il en va différemment en Italie, par exemple). Robin Reardon a écrit un roman pour la jeunesse d’une grande intelligence, Thinking Straight, qui décrit ce genre de lieux comme une expérience concentrationnaire (j’aimerais y revenir). Mais dans tous les cas, mettre un jeune en situation d’isolement c’est créer les conditions de l’anomie décrite par Durkheim dans Le Suicide. Enfin, vous m’aurez compris…

 

Récemment, une chercheuse de la San Francisco State University (SFSU) Caitlin Ryan a dressé une typologie des conduites maltraitantes qui, dans un contexte familial, sont un facteur de risque pour les adolescents LGBT en matière de tentatives de suicide ou de consommation de drogue. C’est à ma connaissance la première recherche qui dépasse la connaissance intuitive pour établir un rapport causal entre les comportements homophobes en famille et les conduites à risque chez les jeunes gays et lesbiennes (ce que médecins et psychothérapeutes appelleraient une recherche étiologique). Les réactions les plus extrêmes (comme mettre un enfant à la porte ou l’envoyer en « rééducation ») ne sont pas forcément toujours les plus mutilantes pour la personnalité, en ce sens qu’elles entraînent souvent une rébellion qui permet à l’adolescent-e de se reconstruire contre. En revanche, les formes de discrimination plus subtiles, la coercition implicite, le déni, etc., sont autant d’autant plus difficiles à circonscrire qu’elles ne donnent guère de prise.

Je ne suis pas loin de penser qu’il faudrait mettre à disposition des parents concernés (si tant est qu’ils aient pris des positions publiques ou que l’on puisse les atteindre) une brochure expliquant les tenants et les aboutissants d’une posture hostile. La culpabilisation est souvent une arme un peu lourde, mais qu’on ne devrait pas exclure, à condition de savoir correctement la doser et la contre-balancer. À ce titre aussi, l’existence d’un téléfilm aux ressorts quasi documentaires est une bonne chose.

Une dernière chose pour conclure : certains psychologues (je pense notamment à Ritch Savin-Williams) ou esprits avertis trouvent que l’on insiste trop sur le taux anormalement élevé de suicides parmi les jeunes LGBT, induisant une représentation excessivement lugubre de leur condition qui pourrait les enfermer dans un pessimisme fataliste. C’est typiquement selon moi un faux-débat. L’écueil serait de s’en tenir à telle ou telle représentation au détriment des autres. Il ne suffit pas d’un livre ou d’un film pour figer des stéréotypes, pour peu que l’offre culturelle se renouvelle régulièrement.

 

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Rencontre avec de jeunes hommes remarquables

Quand on me demande quels acteurs j'aime au cinéma, il m'est toujours plus facile de donner des noms d'actrices, parce que celles que j'aime sont assez connues. En revanche, c'est plus compliqué pour les hommes. Bien sûr, comme tout un chacun, je pourrais citer quelques célébrités, mais ce n'est pas pour autant que je me déplacerais pour aller les voir à chaque film qui sort.
 
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Paul Dano au festival de Berlin
En revanche, tel est le cas pour Vincent Branchet ou Paul Dano. Sur Vincent, j'ai déjà écrit un long texte sur ce blog (c'est ici). Je suis attristé par son absence présente dans le cinéma français. J'espère qu'il refera bientôt surface, parce qu'il est inimaginablement doué.
Et donc, j'aimerais écrire quelques lignes sur trois acteurs que j'aime beaucoup et qui sont très mal connus en France. Ils partagent plusieurs caractéristiques qui pourront surprendre : ils ont une vingtaine d'années, ils habitent aux États-Unis et ils se sont distingués dans des films dits "indépendants". En crescendo : Ryan Kelley, Jamie Bell et surtout Paul Dano, qui est le plus à même de devenir un phénomène mondial.
 
 

 

 

Ryan Kelley dans Outlaw Trail
Ryan Kelley est né le 31 août 1986 à Glenn Ellyn dans l'Illinois. Ses parents ont eu cinq enfants et en ont adopté neuf autres. Il a commencé sa carrière cinématographique à deux ans... Il a joué dans un nombre impressionnant de séries télé. Il a notamment marqué les esprits par son interprétation du personnage de Ryan James, le petit garçon qui meurt dans Smallville. Mais c'est surtout dans Mean Creek de Jacob Aaron Estes (2004) qu'il est extraordinaire, aux côtés notamment de Scott Mechlowicz, Rory Culkin et Carly Schroeder. Sa composition d'un adolescent sensible en butte au bashing (harcèlement) et doté d'une grande rectitude morale est en tous points remarquable. Mean Creek est un très grand film, qui n'a pas eu le retentissement qu'il aurait dû avoir. Depuis, Ryan a joué dans plusieurs films dont il était la tête d'affiche : Outlaw Trail de Ryan Little (2006), Still Green de Jon Artigo (2007), à ma connaissance non distribués en France.
Comme vous pouvez le constater sur les deux photos, Ryan Kelley est particulièrement beau gosse.
 
Rajout ultérieur : le 24 janvier 2009 est passé pour la première fois aux USA un téléfilm réalisé par Russel Mulcahy (l'un des deux pères du Queer as Folk américain), intitulé Prayers for Bobby. C'est "l'histoire vraie de Mary Griffith [...] dont le fils gay se suicida à cause de l'intolérance religieuse de sa mère." Depuis, ce téléfilm a été diffusé par M6 sous le titre Bobby seul contre tous. C'est Ryan Kelley qui incarne le personnage. L'histoire est basée sur un livre éponyme de Leroy Aarons (1995) et se déroule dans les années 1980. J'ai consacré un post à ce rôle, qui a fait découvrir Ryan Kelley à une audience large.
(image extraite de Prayers for Bobby)
 
 
HallamFoeReview2.jpgLa carrière de Jamie Bell a commencé comme une fusée avec Billy Elliott de Stephen Daldry (2000), dont il interprétait le rôle titre. Depuis, il a joué notamment dans le magnifique L'Autre rive (Undertow) de David Gordon Green (2004), King Kong de Peter Jackson (2005), Dear Wendy de Thomas Vinterberg et Lars Von Trier (2005), Jumper de Doug Liman (sorti en France au printemps 2008) et surtout le très réussi Hallam Foe de David Mackenzie (image ci-contre, sorti en juillet 2008), etc. Encore un "kid actor", mais qui a su magistralement négocier une carrière exigeante, alternant les grosses productions (La Tranchée, King Kong, La Gloire de nos pères, Jumper) et les films d'auteur (L'Autre rive, Dear Wendy, Hallam Foe).
arts-film-billy-elliott270x210.jpgJamie Bell est né le 14 mars 1986 à Billingham, dans une banlieue prolo du Nord de l'Angleterre. Comme il l'a indiqué dans plusieurs interviews, il y avait bien des proximités entre son itinéraire personnel et celui de son personnage Billy Elliott, sauf que lui a renoncé définitivement à la danse depuis. Il a déjà sa notice sur Wikipédia (voir l'article), un fan club anglais et une cote de plus en plus élevée dans le cinéma anglo-américain, malgré un physique assez peu évident (difficile d'en faire un jeune premier - il  ressemble parfois à Malcolm Mac Dowell !). Les interviews en ligne que j'ai pu consulter montrent un jeune homme particulièrement mûr et soucieux de contrôler sa carrière. Il a été un temps le petit ami officiel de la starlette Evan Rachel Woods. Il est très lié avec Charlie Hunnam (le wonderboy qui jouait le rôle de Nathan dans le Queer as Folk anglais). Dans Jumper (qui a l'air d'être un navet, à en juger par les réactions de ma presse préférée), il donne la réplique à Hayden Christensen, Dark Vador à la retraite.
Jamie Bell est un remarquable acteur, assez anglais finalement, avec ce mélange de naturel et d'énergie qui fait merveille dans L'Autre rive et Dear Wendy. Manifestement, Billy Elliott est une sorte de fantôme qu'il n'a eu de cesse d'exorciser afin de pouvoir vivre une vie d'acteur à part entière, même s'il ne nie pas avoir été profondément et durablement marqué par cette incarnation. C'est un rôle aux antipodes du personnage de Billy dans une adaptation télé de Nicolas Nickleby qui lui a permis d'échapper au poids de ce personnage inaugural (qui ne fut pourtant pas le premier).
Sa composition dans Hallam Foe (en français [sic !] : My Name is Hallam Foe) de David MacKenzie est absolument époustouflante. Il y incarne un post-ado perturbé par la mort de sa mère, qui abandonne le manoir familial pour aller jouer les monte-en-l'air (référence à Spider-man ?) à Glasgow et filer une jeune femme qui ressemble étrangement à la défunte. Cette expérience est une sorte de voyage initiatique qui frôle des expériences-limite (harcèlement, clochardisation, prostitution, inceste, meurtre) sans jamais y basculer. Le personnage est tout à la fois ingénu et inquiétant (voyeur, paranoïaque). Cette ambiguïté est sans doute la clé de voute du film et ce qui fait son intérêt comme peinture d'une jeunesse à tâtons. Le cinéaste me semble avoir retrouvé quelque chose de la grâce du free cinema des années 1960 et particulièrement des films de Lindsay Anderson. Et il a trouvé en Jamie Bell l'interprète parfait (de naturel et de rouerie) pour un rôle assez difficile.
 
5051.jpgJ'en arrive enfin à mon préféré, un acteur qui est déjà immense, alors qu'il est encore très jeune. Paul Dano est né le 19 juin 1983 selon les sites de fan et un an plus tard selon IMDb... Ce qui lui fait bientôt 24 ou 25 ans selon les cas... Non content de faire l'acteur, il joue aussi dans un groupe de rock tout à fait fréquentable, Mook. Pour les curieux, le groupe a une page sur Myspace (facile à trouver).
Paul Dano a été révélé par l'extraordinaire premier film de Michael Cuesta, L.I.E. (Long Island expressway). Il y joue le rôle d'Howie, ado perturbé, poète à ses heures, orphelin de mère, délaissé par un père fraudeur, et sympathisant avec un pédophile au comportement imprévisible (photo ci-dessous). Il a joué finement des seconds rôles dans plusieurs films assez faibles, comme Le Club des empereurs (2002) et Girl Next Door (2003). Dans le troublant The King (2005) de James Marsh, il incarne le rejeton un peu niais d'un prédicateur poursuivi par un fils naturel (incarné par Gael Garcia Bernal). Dans ce film-là, c'est surtout le wonderboy mexicain qui livre un numéro de comédien bluffant.
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Long Island expressway
Le rôle explosif et hilarant d'ado mutique et buté (Dwayne) dans Little Miss Sunshine de Valerie Faris et Jonathan Dayton (2006) a valu à Paul Dano un tombereau de louanges. Il faut dire qu'il tenait la dragée haute à une palanquée d'acteurs d'exception : Steve Carell, Alan Arkin, Toni Collette... Il a aussi un rôle de premier plan dans Fast Food Nation de Richard Linklater (2006). Et le rôle du prêtre Eli Sunday dans There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson (qui est sorti en France le 27 février) lui a donné le statut d'acteur de premier plan qui lui manquait.
 
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Paul Dano (g), Paul Thomas Anderson (d)
Ce n'est pas seulement la palette de jeu dont Paul Dano dispose qui impressionne. Il a fait preuve depuis ses débuts d'une exigence artistique hors du commun, alignant les films exigeants (LIE, The King). Dans les interviews dont je dispose, il affirme d'ailleurs ne pas vouloir déroger à cet impératif artistique. Son physique un peu particulier, son gros nez, ses pommettes protubérantes et ses joues creuses, ne font pas de lui le plus bankable des jeunes espoirs du cinéma américain, mais à mes yeux l'un des plus talentueux. Dans There Will Be Blood (photo ci-dessus), il fait encore plus shabby que dans d'autres films, mais son incarnation d'un jeune prêtre fanatique est étonnante. Je ne serais jamais allé voir ce film dans des circonstances ordinaires (le thème me barbait, j'avais lu des critiques mitigées), mais avec Paul Dano dedans, ça change tout. Au reste, le film est complètement écrasé par le numéro de Daniel Day Lewis, omniprésent d'un bout à l'autre. Et la scène finale, grotesquement théâtrale, me semble gâcher l'ensemble...
Presque tous les sites thématiques sur le cinéma en français lui consacrent désormais une notice (il suffit de le googliser). Quant à son groupe, Mook, il s'écoute notamment sur www.reverbnation.com/mook. Il chante (très bien) et joue de la guitare.
Paul Dano est grand ! C'est l'échalas du cinéma.

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