Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un nouveau roman d'Erwin Mortier traduit en français

Mortier-sommeil-des-dieux.jpgJe viens de découvrir par un amusant hasard la parution d'une nouvelle traduction d'Erwin Mortier aux éditions Fayard, Sommeil des dieux, toujours grâce aux bons soins de Marie Hooghe. C'est la traduction de Godenslaap, initialement paru en 2008 chez De Bezige Bij (éditeur néerlandais installé à Amsterdam). Je ne saurais dire assez haut la reconnaissance que j'ai pour le travail d'une traductrice et la ténacité d'un éditeur qui, depuis 2003, ont offert au public francophone cinq ouvrages d'un écrivain absolument incroyable, et cela alors que bien rares sont les organes de presse qui défendent bec et ongles Erwin Mortier (à part Libération et Le Matricule des Anges, quels sont-ils ?).

N'étant pas néerlandophone, je ne saurais rien dire de la qualité des traductions de Marie Hooghe, sinon leur élégance et leur fluidité. En revanche, on peut signaler qu'elle a eu le prix de traduction Amédée Pichot pour Marcel en 2003. Et Erwin Mortier, qui lit et comprend le français, a lui-même exprimé toute l'estime qu'il avait pour le travail de sa traductrice. Dès lors, la déperdition inévitable que représente le changement de langue est largement atténuée par la rigueur, l'ingéniosité et les qualités artistiques de cette grande professionnelle.

Rappeler qu'Erwin Mortier est aussi poète et que ses récits relèvent de la prose poétique ne serait pas faux, si l'on ne prenait le risque de l'enfermer ainsi dans un registre qui peut échauder certains ou suggérer quelques limites à ses talents de romancier. Or, justement, la poésie n'est qu'une corde à son arc. Erwin Mortier est aussi un écrivain satirique, doté d'un humour ravageur (souvent prêté à ses personnages de matrones flamandes, bigotes mais humaines), peignant avec un sens de l'observation sans égal un monde rural et populaire flamand peu à peu plongé dans la « société moderne ». C'est aussi un virtuose des dialogues et un écrivain très sensible à la temporalité d'un récit - qu'il tord, déforme, accélère, ou au contraire allonge, apaise, avec une justesse fascinante. Autrement dit, c'est un romancier complet, et qui peut séduire des sensibilités de lecture très diverses.

 

Depuis plusieurs années, j'ai le projet de consacrer ici un post à chacun des livres d'Erwin Mortier publiés en français, quand bien même seul Ma deuxième peau relève de la thématique de ce blog. On trouve déjà un texte consacré aux Dix Doigts des jours, un court « récit » paru après sa « trilogie de la mémoire » (Marcel, Ma Deuxième peau, Temps de pose). Durant l'été 2009, j'avais relu très attentivement Marcel, mais malheureusement le cours de mes activités professionnelles ne m'a pas permis d'aller au bout de ce projet (entre autres efforts de cette époque qui ont avorté).

N'ayant bien évidemment pas encore lu Sommeil des dieux, je reproduis ci-dessous le texte de la quatrième de couverture.


« Une très vieille femme, Helena, se remémore sa très longue vie, qu’elle consigne dans des cahiers que personne ne lira jamais. Les dialogues avec Rachida, l’infirmière marocaine qui s’occupe d’elle, constituent son seul contact avec le monde actuel, après le décès de sa fille, de son époux et de son frère. Le monde d’Helena – petite-fille d’un grand propriétaire terrien de Flandre française et fille d’un négociant flamand de Gand – est celui de la Belle Époque, à la lisière de deux pays et de deux langues. À la veille de la Première Guerre mondiale, elle part avec sa mère et son frère passer les vacances d’été dans la famille de sa mère – ce séjour en France durera toute la guerre. Le théâtre de la destruction devient, pour Helena, le théâtre d’une initiation sexuelle et d’une libération personnelle.
Écrit dans la langue sensuelle, lyrique, et poétique qui constitue la petite musique d’Erwin Mortier, Sommeil des dieux est la description de l’étrange contradiction, presque surréaliste, qu’offre la guerre : orgie de violence gratuite, absurde, mais aussi, de manière perfide, spectacle sublime d’un gigantesque feu d’artifice. Il émane de ce récit empli de non-dits un charme et une fascination jamais morbides. »

# Date de Parution : 01/09/2010

# Collection : « Littérature étrangère »

# Prix public : 22,00 €

# Code ISBN / EAN : 9782213643960

# Nombre de pages : 378

 

On pourra également consulter : 

Le blog d'Erwin Mortier (en flamand, sauf quelques bribes en anglais, mais c'est une langue qu'on peut en partie "intuiter" avec des bases en anglais et/ou en allemand).

Le dossier paru dans Libération (critique et interview) à l'occasion de la sortie de Ma Deuxième peau, entre autres analyses glanées sur internet.

Voir les commentaires