Ma Deuxième peau d'Erwin Mortier
Éditions Fayard, 2004, 222 p., 17€

À l’exception d’un dossier dans le cahier livre de Libération, ce livre est largement passé inaperçu au moment de sa sortie. La presse gay n’en a même pas parlé, alors qu’il s’agit de l’une des plus déchirantes histoires d’amour entre garçons qu’il m’ait été donné de lire. Cela tient peut-être au caractère subtil et allusif de l’écriture d’Erwin Mortier: ce sont les gestes, les sensations des personnages qui nous donnent à comprendre leur lien, pas un exposé psychologique. Pas non plus de scène de sexe, pas de bons sentiments, pas de milieu branché, etc. Le livre détonne dans la production d’aujourd’hui. À la place des clichés, ce sont 220 pages de poésie et d’humour, magnifiquement traduites par Marie Hooghe — qui avait obtenu un prix pour la traduction du roman précédente d’E. Mortier, Marcel.
Autrement dit, ce livre est une pure merveille. Moins méchant que Marcel, qui est une satire des petits bourgeois catholiques flamands, mais quand même assez vachard, et d’abord avec Anton lui-même. Immensément sensuel ensuite, notamment pour réinventer les sensations d’un tout petit garçon curieux de tout, ou dire les gestes balbutiants de la puberté. L’écriture est extrêmement stylisée et en même temps jamais lourde ou fastidieuse : il y a une liberté d’expression, une facilité déconcertante à épouser tous les tons, à jouer tous les jeux de la langue, qui est la marque des plus grands écrivains. Le plus étonnant est sans doute la façon très particulière dont Erwin Mortier se joue des thèmes les plus mastocs de la littérature (l’amour, la mort, la mémoire, ce genre de choses) pour les faire vibrer à sa manière, sans aucun grand discours, juste en les faisant résonner dans le prisme chatoyant de sa merveilleuse écriture.
Voir aussi mon analyse de son bref récit, Les Dix Doigts des Jours.
Autrement dit, ce livre est une pure merveille. Moins méchant que Marcel, qui est une satire des petits bourgeois catholiques flamands, mais quand même assez vachard, et d’abord avec Anton lui-même. Immensément sensuel ensuite, notamment pour réinventer les sensations d’un tout petit garçon curieux de tout, ou dire les gestes balbutiants de la puberté. L’écriture est extrêmement stylisée et en même temps jamais lourde ou fastidieuse : il y a une liberté d’expression, une facilité déconcertante à épouser tous les tons, à jouer tous les jeux de la langue, qui est la marque des plus grands écrivains. Le plus étonnant est sans doute la façon très particulière dont Erwin Mortier se joue des thèmes les plus mastocs de la littérature (l’amour, la mort, la mémoire, ce genre de choses) pour les faire vibrer à sa manière, sans aucun grand discours, juste en les faisant résonner dans le prisme chatoyant de sa merveilleuse écriture.
Voir aussi mon analyse de son bref récit, Les Dix Doigts des Jours.