Aidan Chambers, La danse du coucou, Le Seuil, "Virgule", 1983.

[Nota bene : depuis la publication de ce post, le livre a fini sa longue carrière et n'est plus disponible que d'occasion... Je n'ose espérer une réédition.]
J'ai lu les deux versions en parallèle, m'aidant de la traduction, parce que la langue de l'auteur est extrêmement riche et sophistiquée (parfois un peu trop pour mes compétences en anglais). Je n'avais rien lu d'Aidan Chambers jusque là et je suis resté complètement estomaqué. A tel point que je suis allé hier soir sur son site internet. Ce n'est pas tous les jours que je découvre des plumes de cette envergure.

Si l'humour affolant est sans doute ce qui réjouit le plus immédiatement dans ce roman, la virtuosité ne s'arrête pas là. Dance on My Grave est aussi un récit d'apprentissage d'une grande finesse, une histoire d'amour à fendre le coeur, un livre rempli de jeux de miroirs dans la lignée directe de Nabokov. Dans le texte original, il y a des jeux de mots en rafale, un travail sur les sonorités, le rythme, la langue (Hal s'exprime de façon assez peu académique), le tout sans nuire à la fluidité de l'histoire. Jean-Pierre Carasso (également traducteur de Howard Buten, Brian Aldiss, Cynthia Ozyck...) a plutôt adapté que traduit littéralement tout ce qui relevait d'un jeu sur la langue. Mais pour le reste, cele me semble extrêmement fidèle. C'est évidemment moins virtuose traduit. Le tout forme un livre-monde qui parle avec une légèreté aérienne de choses très très lourdes (l'amour, la mort, ce genre-là...).
Le personnage de Hal est attachant à la manière de Holden Caulfield dans L'attrappe-coeur de Salinger. Ce serait d'ailleurs l'autre lignée dans laquelle j'inscrirais ce roman : celle du teen novel (je garde l'anglais parce qu'il n'y a pas d'équivalent aussi fort dans ce que je connais de la littérature française). Aidan Chambers a su le faire exister doublement, comme personnage et comme auteur (fictif). L'un dans l'autre, cela lui confère une épaisseur extraordinaire. Au reste, tous les personnages sont extrêmement vivants. Aucun n'est une vilaine caricature, un symbole façon "Amélie Poulain".
Bon. C'est peu et c'est trop, tous ces mots très analytiques. Je n'avais pas envie de raconter l'histoire, parce qu'elle fait partie des bonheurs de cette lecture. J'espère seulement que cela vous aura donné un peu envie.
Le site officiel d'Aidan Chambers (en anglais).Le personnage de Hal est attachant à la manière de Holden Caulfield dans L'attrappe-coeur de Salinger. Ce serait d'ailleurs l'autre lignée dans laquelle j'inscrirais ce roman : celle du teen novel (je garde l'anglais parce qu'il n'y a pas d'équivalent aussi fort dans ce que je connais de la littérature française). Aidan Chambers a su le faire exister doublement, comme personnage et comme auteur (fictif). L'un dans l'autre, cela lui confère une épaisseur extraordinaire. Au reste, tous les personnages sont extrêmement vivants. Aucun n'est une vilaine caricature, un symbole façon "Amélie Poulain".
Bon. C'est peu et c'est trop, tous ces mots très analytiques. Je n'avais pas envie de raconter l'histoire, parce qu'elle fait partie des bonheurs de cette lecture. J'espère seulement que cela vous aura donné un peu envie.